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International Les cadavres ont été découverts à l’intérieur d’un camion près de San Antonio, à 240 km de la frontière mexicaine, selon les médias locaux. Les corps d'au moins 51 personnes ont été découverts lundi dans un camion près de San Antonio, au Texas sud des États-Unis, selon plusieurs médias locaux, un moyen de transport fréquemment utilisé par des migrants souhaitant entrer aux États-Unis. Charles Hood, chef des pompiers de la ville, a précisé que seize blessés – douze adultes et quatre enfants – avaient été pris en charge et étaient conscients » lors de leur transport vers des services de soins. Parmi les victimes, il y a 22 Mexicains, 7 Guatémaltèques et 2 Honduriens, les autres nationalités sont inconnues, selon le président mexicain Andres Manuel Lopez tragédie, l'une des pires en matière migratoire ces dernières années, intervient cinq ans après un drame similaire dans la même ville, où dix clandestins avaient perdu la vie dans une remorque surchauffée. Nous sommes confrontés ce soir à une horrible tragédie humaine », a commenté Ron Nirenberg, maire de San Antonio. Nous espérons que les personnes responsables d'avoir placé ces gens dans de telles conditions inhumaines seront poursuivies dans toutes les limites de la loi. » Le drame a été qualifié d' absolument horrible » par un porte-parole de la Biden a appelé, dans un communiqué, à lutter contre le trafic criminel, pesant plusieurs milliards de dollars, qui exploite les migrants et coûte beaucoup trop de vies innocentes ». Les premières informations sont que cette tragédie a été causée par des […] trafiquants qui n'ont aucune considération pour les vies qu'ils mettent en danger et exploitent pour en tirer profit », a encore fait savoir selon ce texte le président américain, qui se trouve à Madrid où il participe à un sommet de l' LIRE AUSSIBaverez – Guerre en Ukraine les habits neufs du non-alignementTrois personnes interpelléesLes camions tels que celui retrouvé à San Antonio, à environ 240 km de la frontière avec le Mexique, sont un moyen de transport fréquemment utilisé par des migrants souhaitant entrer aux États-Unis. Un tel voyage est extrêmement dangereux, d'autant que ces véhicules sont rarement climatisés et que leurs occupants en viennent rapidement à manquer d'eau. Les patients que nous avons vus étaient brûlants au toucher, ils souffraient de coups de chaleur, d'épuisement dû à la chaleur, on n'a pas trouvé trace d'eau dans le véhicule », a énuméré le chef des charnier a été découvert par un individu travaillant non loin, qui a entendu un appel au secours » et s'est approché pour voir de quoi il retournait, a raconté le chef de la police de San Antonio, William McManus, lors de la conférence de presse. Trois personnes ont été interpellées, a-t-il précisé, mais nous ne savons pas si elles sont absolument liées à ceci ou non ». L'enquête, désormais fédérale, a été confiée aux enquêteurs du ministère de la Sécurité intérieure, a précisé William 60 pompiers ont été mobilisés pour prendre en charge les dépouilles et vont recevoir un accompagnement psychologique, a précisé leur chef Charles Hood. On n'est pas censés ouvrir un camion et y trouver des piles de corps », a-t-il dit pour expliquer le traumatisme auquel ses hommes ont été gouverneur du Texas accuse BidenLe ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard a regretté sur Twitter une tragédie » et a indiqué que le consul mexicain, bien qu'on ne connaisse pas les nationalités » des victimes, se rendait sur place. Le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott s'est immédiatement saisi du drame pour en rejeter la faute sur le président démocrate Joe Biden. Ces morts sont [de la responsabilité de] Biden. Elles sont le résultat de sa politique mortelle d'ouverture des frontières », a-t-il attaqué. Tragedia en Texas. Asfixiados en la caja del trailer según se informa. Cónsul en ruta al punto. Condolencias a las víctimas y sus familias. Aún no conocemos nacionalidades. — Marcelo Ebrard C. m_ebrard June 28, 2022 À LIRE AUSSIDevant la presse, Biden mis au défi de l'immigrationLes arrivées de migrants clandestins ont fortement augmenté après l'élection de Joe Biden, bien que ce dernier tente depuis son arrivée à la Maison-Blanche d'endiguer l'afflux migratoire en confiant notamment cet épineux dossier à sa vice-présidente Kamala Harris. En 2017, une tragédie similaire avait marqué les esprits dix migrants avaient trouvé la mort dans une remorque surchauffée garée sur un parking près de San l'époque, les services de l'immigration avaient indiqué que la température dans la remorque, où des dizaines de migrants avaient pris place, avait pu grimper jusqu'à 65 °C. Le conducteur du camion, qui avait affirmé ne pas avoir remarqué qu'il transportait une centaine de personnes dans sa remorque, a été condamné en avril 2018 à la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. 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Uncadavre retrouvé dans un canal. Il ne fait pas bon vivre à Marignane ces temps-ci. En moins de huit jours, un Arménien a donné la mort à un Kurde au terme d'une rixe dans une épicerie
Si le cinéma Français existe par une centaine de films chaque année, il est bien entendu que dix ou douze seulement méritent de retenir l’attention des critiques et des cinéphiles, l’attention donc de ces Cahiers. » 2014 Année Truffaut. Exposition à la Cinémathèque de Paris, rétrospectives, célébration institutionnelle, reconnaissance générationnelle. Unanimité pour louer l’héritage d’un des pères fondateurs de la Nouvelle Vague. L’exposition de la Cinémathèque, riche de documents et émouvante par instants, s’achève pourtant par une séquence troublante la projection d’une vidéo où l’on voit de jeunes comédiens interpréter une scène de Truffaut, parler. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Pourquoi nous les montre-t-on se montrer ? Ils jouent mal, n’ont rien à dire. La séquence est gênante. Leurs noms sont affichés la moitié ou presque sont des fils/fille de »…Garrel, Haenel, Bonitzer, etc. Le metteur en scène Vincent Macaigne adoubé par la critique pour son dernier spectacle au Théâtre de la ville de Parisest bien entendu de la partie. De quoi sont-ils le nom ? De l’héritage aux héritiers, il n’y a qu’un pas il est franchi, sans que personne ne sourcille. Cinéma, théâtre, média, même réseau, même processus de lutte des places quelle que soit la vacuité du propos et de la démarche. Mais finalement, est-ce si surprenant de voir le cinéma de Truffaut aboutir au conformisme creux et plat des années 2010 ? Le lyrisme et l’exploration du soi présents dans ses films ont préfiguré le délire égotique de la société du spectacle qui téléramise le cinéma comme les arts du spectacle. Où sont Jean Eustache, Philippe Garrel, scandaleusement absents, eux, de la rétrospective, les seuls à avoir travaillé le versant négatif de la naïveté truffaldienne ? Godard, à peine évoqué, leur brouille, ses raisons personnelles et artistiques, inexistante. Agnès Varda, Jacques Demy, et d’autres enfants cinématographiques de Truffaut, laissés de côté. Tous ces auteurs qui ont travaillé formellement l’héritage de Truffaut sont remplacés par une jeunesse déjà vieillie par les combats mondains. De l’exposition, je ne garde que ceci un objet fétiche qui n’a d’autre consistance qu’un plaisir vide et éphémère. Alors même que les portes étaient ouvertes, elles se referment sur la jeune arrière-garde française. Définitivement Godard, Garrel, Eustache. De 2014 à 1954. Cette année-là, Truffaut publie un article demeuré célèbre Une Certaine Tendance du Cinéma français. 60 ans plus tard, quelle boucle enchevêtre ce propos novateur à ce qui s’en est suivi? Quelle créativité le théâtre français a-t-il donné à voir dans une année marquée notamment par le Festival d’Avignon présidé par Olivier Py, le conflit des intermittents, le Festival d’Automne, et d’autres manifestations encore ? Je laisse de côté la question de savoir pourquoi le propos de Trufaut s’est finalement retourné contre lui, et comment, après Les 400 coups, il a pu reproduire le cinéma archaïque qu’il abhorrait. La force du texte, elle, reste intacte ; elle tient à l’absolue actualité du propos, mais presque en négatif. Truffaut oppose cinéma de texte et cinéma de metteur en scène, cinéma de la tradition et de la qualité » et cinéma d’auteur. Il écrit à un moment Eh bien je ne puis croire à la co-existence pacifique de la Tradition de la Qualité et d’un cinéma d’auteur.» La guerre que s’apprêtent à mener Truffaut et ses futurs-amis, c’est le refus de la Tradition et de la Qualité, cette position est irréconciliable. Et bien pourtant, 2014 a vu se poursuivre le processus inverse la fusion des deux et leur dilution réciproque. Je généralise, il y a bien entendu des exceptions à cela Hypérion de Marie-Josée Malis, Bit de Maguy Marin, et d’autres encore, mais elles sont reléguées à la marge. Je me souviens du “Py-être“ Festival d’Avignon 2014, son inconsistant théâtre du retour au texte». Comme si le salut pouvait venir d’une divine poétique qui suffirait à faire oeuvre. Des mots-valises entendus à foison, comme pour faire oublier que l’heureux élu posait les siennes absolument partout, et entendait que cela se voie. C’est donc cela Une certaine tendance du théâtre français. Mettre en avant le verbe pour s’exposer à la pleine lumière, au risque que le verbeux et le verbiage peinent à masquer les ambitions personnelles. Mais ce n’est pas tout car, comme l’écrit Truffaut Vive l’audace certes, encore faut-il la déceler où elle est vraiment. » L’adaptation de L’Idiot par Vincent Macaigne, par exemple, est-elle drapeau révolutionnaire ou sac plastique, effigie cynique de la société de consommation ? Où se trouvent la prise de risque véritable, la violence symbolique ? Peut-on croire à la subversion par les cris, par le cru, par une débauche d’images et de moyens… quand c’est peut-être en réalité la subvention qui est recherchée, qui se trame, qui se joue derrière ces appareils ? Poursuivons avec Truffaut Le trait dominant du réalisme psychologique est sa volonté anti-bourgeoise. Mais qui sont Aurenche et Bost, Sigurd, Jeanson, Autant-Lara, Allegret, sinon des bourgeois, et qui sont les cinquante mille nouveaux lecteurs que ne manque pas d’amener chaque film tiré d’un roman, sinon des bourgeois ? » Il suffit de remplacer ces noms par ceux de la nouvelle génération ». La bourgeoisie, c’est la reproduction sociale, par le capital, les codes, le réseau, la culture ; la reproduction d’idées, par le conformisme. C’est la lutte des places, peu importe ce qu’on y fait, ce qu’on y dit il faut en être. Que propose le jeune metteur en scène Sylvain Creuzevault comme pensée politique dans Le Capital ? La déconstruction permanente rire de tout pour éviter de penser quoi que ce soit. Rire entre soi de références communes, ni approfondies, ni complexifiées. Et que dire de “Répétition” de Pascal Rambert ? Là encore, la déconstruction comme cache-misère, comme jeu de miroirs, et peu importe s’il ne reflète rien d’autre que le vide. La tentative initiée par Philippe Quesne de mettre en scène l’enfance dans Next Day ? Mais où sont donc les enfants de Nanterre, ceux qu’on trouverait par exemple dans les écoles de la ville ? Nous avons des apothicaires qui font leurs comptes au lieu d’artistes capables de nous aider à penser le monde contemporain. Dans une société en crise, où sont les marginaux, les délaissés, les exclus ? On a beau chercher, on ne les voit pas. Il est plus que temps d’ouvrir la scène et les théâtres aux acteurs sociaux, aux précaires, aux enfants, aux personnes issues de l’immigration, à tous ceux qui n’appartiennent pas au monde de la culture Quelle est donc la valeur d’un cinéma anti-bourgeois fait par des bourgeois, pour des bourgeois ?» demande Truffaut. Quelle est donc la valeur d’un théâtre anti-bourgeois fait par des bourgeois, pour des bourgeois ? Des portes sont ouvertes en 2014, certaines oeuvres ont marqué les esprits celles d’Angélica Liddell, Pippo Delbono, Roméo Castellucci, Matthew Barney, William Forsythe, proposé un dispositif radical, à la mesure des enjeux contemporains. En 2015, il faudra creuser ce sillon. Car il vient de loin, et ne date pas d’aujourd’hui sur mon fil d’actualité Facebook, un ami renvoie au blog de Pierre Assouline qui retranscrit sa discussion avec Mickael Lonsdale. Ce dernier évoque Beckett, qui avait déjà perçu cet enjeu à l’époque Après sa mort, j’ai relu tout ce qu’il a écrit. J’ai compris qu’il ne parlait que des pauvres, des fous, des clodos, des détraqués, des rejetés de la société, alors que depuis des siècles, le théâtre nous faisait vivre certes des situations tragiques mais auprès de rois, de puissants. Sans son humour, ce serait intenable. Sa compassion pour l’humanité est incroyable. Je l’ai bien connu dans sa vie privée discrètement, il aidait les gens, les secourait lorsqu’ils étaient malades. Sa femme l’ayant fichu dehors à cause de leurs disputes, il vivait dans une maison de retraite tout près de chez lui ; mais quand elle est morte, il a préféré rester parmi mes semblables » disait-il, au lieu de rentrer chez lui. Jusqu’à la fin, il faisait les courses pour un couple qui ne pouvait plus se déplacer. La générosité de cet homme ! Dès lors que l’on essaie de sauver les gens, c’est de l’ordre de l’amour, donc Dieu est là. Mais de tout cela, on ne parlait pas en marge des répétitions. Pourtant j’ai créé Comédie dont on peut associer la diction à celle des monastères. Recto tono ! Une vitesse de mitrailleuse ! Sans inflexion ni psychologie. Une machine ! Même si son inspiration pouvait être picturale, le Caravage surtout qu’il allait voir en Allemagne. En attendant Godot est né de la vision d’un tableau. Pour le reste, Beckett c’était saoûlographie totale. » / Sylvain Saint-Pierre – Tadorne Étiquettes Angelica Liddell, Maguy Marin, Marie-José Malis, Pippo Delbono, Roméo Castellucci, Sylvain Crevezault, Vincent Macaigne, William Forsythe Pourquoi n’écris-tu plus sur le Tadorne ? ». Parce que le théâtre ne me donne plus la parole »… Depuis la rentrée le processus avait déjà commencé au festival d’Avignon, génération Py, je suis un spectateur passif, en attente d’une expérience qui ne vient pas. Je ressens un fossé, un gouffre, entre des gestes artistiques verticaux et ma capacité à les accueillir, avec mes doutes, mes forces et mes questionnements. Je reçois des propos qui ne me sont pas adressés, juste pensés pour un microcosme culturel qui adoube, exclut, promeut. A lui seul, il a souvent été public d’un soir…notamment lors du festival de création contemporaine Actoral à Marseille. Ce que j’y ai vu m’est apparu désincarné, hors de propos parce que sans corps. Le spectacle dit vivant » s’est révélé mortifère le rapport au public n’est plus LA question. Il y a bien eu le metteur en scène japonais Toshiki Okada avec Super Premium Sof Double ». Son écriture où se mêlent mouvements et mots est une avancée pour relier corps et pensée visant à nous décrire l’extrême solitude des travailleurs japonais qui trouvent dans les supermarchés ouverts la nuit de quoi puiser l’énergie d’un espoir de changement. Je suis resté longtemps attaché à ces personnages à priori automatisés dans leurs gestes, mais où se nichent des interstices où la poésie prend le pouvoir. Il y a bien eu La noce » de Bertolt Brecht par le collectif In Vitro emmené par Julie Deliquet au TGP dans le cadre du festival d’Automne à Paris. Une table, un mariage, une famille et des amis. C’est magnifiquement joué, incroyablement incarné pour décrire cette époque les années 70 où la question du corps était politique. Mais une impression de déjà vu Gwenaël Morin, Sylvain Creuzevault me rend trop familier avec le jeu des acteurs pour que j’y voie un théâtre qui renouvellerait sa pensée. Il y a eu Vincent Macaigne avec “Idiot! parce que nous aurions dû nous aimer“, chouchou des institutions et de la presse depuis son dernier succès à Avignon. À peine arrivé au Théâtre de la Ville à Paris, le bruit est une violence. Vincent Macaigne et ses acteurs s’agitent dans le hall et dans la rue. Les mégaphones nous invitent à fêter l’anniversaire d’Anastasia, l’une des héroïnes de L’idiot » de Fiodor Dostoïevski. En entrant dans la salle, nous sommes conviés à monter sur scène, pour boire un verre »…Ainsi, le public est chauffeur de salle, réduit à un élément du décor. Il règne une ambiance insurrectionnelle quelques spectateurs sont sur scène tandis qu’un acteur le Prince observe, immobile, illuminé par un faisceau de lumière. C’est fascinant parce que le sens du théâtre s’entend. Mais cette force va rapidement s’épuiser. Parce que Vincent Macaigne s’amuse comme un gosse à qui l’on aurait donné tout l’or du monde ici, l’argent public coule à flot pour transposer cet Idiot en évitant de passer par la case politique. Car il n’a aucun sens politique on se casse la gueule pour faire diversion genre humour plateau de télé, on gueule pour habiter les personnages, on noie le propos dans une scénographie d’un type parvenu au sommet parce que les professionnels culturels sont aveuglés par le pouvoir de la communication. Macaigne leur rend bien tout respire la vision d’un communicant. Jusqu’à cette scène surréaliste à l’entracte où, face au bar, il pousse un caisson tandis que se tient debout le Prince. Macaigne pousse…invite le public à applaudir mais qui ne répond pas. La scène aurait pu faire de l’image, mais Macagine est pris à son propre piège il fait du très mauvais théâtre de rue. Mais qu’importe, le jeune public et une classe sociale branchée y trouvent leur compte le théâtre peut aussi faire du bruit et de l’image, célébrer le paraître et la vacuité de l’époque. On se perd très vite dans les personnages parce que l’effet prend le pas sur la relation souvent réduite à un geste, une interpellation, parce que les dialogues sont à l’image d’un fil de discussion sur Facebook. Avec Vincent Macaigne, le théâtre est un produit de surconsommation. C’est pathétique parce que les acteurs se débattent en gueulant et que cela ne fait jamais silence; parce que Macaigne se fait une étrange conception du public à son service. C’est pathétique parce que ce théâtre du chaos ne crée aucun désordre il profite juste de nos errances. Il y a bien eu Impermanence » du Théâtre de l’Entrouvert, spectacle dit jeune public » co-diffusé par le Théâtre Massalia et la Criée de Marseille. Dans la salle, une fois de plus, beaucoup de professionnels. Il y a très peu d’enfants. Au cœur de la Belle de Mai, il n’y a aucune famille de ce quartier très populaire. Jeune public ou pas, la fracture sociale est la même. Le théâtre dit contemporain ne s’adresse plus au peuple. S’adresse-t-il seulement aux enfants alors que mon filleul de 9 ans ne voit pas toute la scène parce qu’il est trop petit le théâtre ne dispose d’aucun coussin pour lui? La feuille de salle est un texte très hermétique à l’image d’une pièce qui reprend tous les poncifs de la création contemporaine. Au cours de ce voyage théâtral sans but, l’artiste évoque la perte de sens » on ne saurait mieux écrire. Ici se mélangent musique vrombissante, images, numéro allégé de cirque, marionnette inanimée. Tout est mortifère à l’image d’un pays pétrifié dans la peur de faire. Toutes les esthétiques sont là pour satisfaire les programmateurs. C’est décourageant de constater que les logiques de l’entre soi sont maintenant imposées aux enfants. Dans ce paysage morose, il y a une lueur d’espoir. Elle vient d’un metteur en scène, Jacques Livchine, qui répond José-Manuel Gonçalvès, directeur du 104 à Paris après son interview dans Telerama. Un paragraphe a retenu mon attention Il y a quelque chose qui ne va pas dans le théâtre, il n’y a pas de projet commun, rien ne nous relie les uns les autres, On est dans le chacun pour soi, le ministère de la Culture est incapable de nous donner le moindre élan. Les petites sources de théâtre ne deviennent pas des ruisseaux ou des rivières qui alimenteraient un grand fleuve, non, c’est le marché libéral, la course aux places, aux contrats, les symboles se sont envolés, nous sommes tous devenus des petits boutiquiers comptables. Il faudrait se mettre tous ensemble pour dire qu’on en a marre, qu’il faut que nos forces s’additionnent pour une seule cause, celle de retrouver “la fibre populaire”. On a besoin d’un défi collectif, le théâtre ne doit plus s’adresser à un public, mais à la ville toute entière. » Ce défi ne se fera pas avec le ministère de la Culture et ses employés obéissants. Il se fera à la marge, par la base, par un long travail de réappropriation de l’art par ceux qui veulent que la relation humaine soit au centre de tout. Les théâtres subventionnés ont depuis longtemps abandonné ce centre-là pour jouer à la périphérie afin de maintenir leurs pouvoirs et leurs corporatismes. Pascal Bély – Le Tadorne. Étiquettes Julie Deliquet, Toshiki Okada, Vincent Macaigne Trois années après la crise des subprimes, trois artistes du Festival d’Avignon s’emparent du sujet pour en restituer leur vision Nicolas Stemann Les contrats du commerçant, une comédie économique», Thomas Ostermeier Un ennemi du peuple» et Bruno Meyssat 15%». Premier épisode avec Nicolas Stemann pour la représentation la plus chère après celles de la Cour d’honneur entre 29 et 36 €; à ce prix-là, il reste encore des places. Il s’avance sur la scène pour nous prévenir la pièce est longue un compteur de pages trône sur le plateau, bloqué à 99 et il n’est pas nécessaire de lire en continu les surtitres effectivement, le texte dElfriede Jelinek est une interminable logorrhée verbale à propos des conséquences de la spéculation financière sur l’économie réelle. Nicolas Stemann précise que nous pouvons quitter les gradins de la cour du Lycée Saint-Joseph pour nous désaltérer au bar et visionner “les contrats”. Manière élégante pour définir ce spectacle comme une installation. Ces principes de précaution étant posés, la pièce peut débuter. Feuillets à la main, les acteurs égrènent le texte tout en le ponctuant de différentes performances. Le mistral s’invite pour faire voler ce texte soporifique en éclats de papier. Les corps des acteurs en disent bien plus que les mots qui défilent tels des cours de la bourse sur les chaines d’information. La succession de performances met en scène les ravages d’un système financier hors de contrôle sur la vie d’un couple de retraités. Je m’ennuie très vite comme si ces images, même métaphoriques, m’étaient familières. En effet, la danse contemporaine et les arts plastiques véhiculent les symboles du corps marchand» depuis longtemps sans faire explicitement référence à la crise financière. À cet instant, ce théâtre-là n’invente rien. Tout au plus recycle-t-il des procédés scéniques au profit d’un texte bien heureux d’être ainsi valorisé! L’absence de dramaturgie provoque la farce, malgré de belles images» de corps ensanglantés, de corps crucifiés à la dérive et de scènes de boulimie de billets de banque qui tournent au vomi… Lassé, je prends la tangente vers le bar où le prix des consommations n’a rien à envier à ceux pratiqués sur la Place de l’Horloge. On y discute, mais de quoi? Des spectateurs naufragés couverture sur les épaules errent dans le jardin, mais vers où? Étrange image que ces attroupements comme si le besoin de lien social prenait le pas sur les performances! Est-ce une métaphore de notre inconscience face à la crise? Je décide de ne pas regagner ma place. Je me positionne à l’entrée du couloir entre scène et jardin, tel un observateur attentif pour ne rien perdre de mon regard critique. Situation totalement inédite en vingt ans de fréquentation du Festival! Je savoure cette liberté… C’est alors que Vincent Macaigne metteur en scène d’un Hamlet décapant lors de l’édition de 2011 du Festival s’insurge dans les gradins. Il veut stopper la pièce. De ma place, je comprends très vite que c’est un jeu de rôles calculé. Il finit par monter sur le plateau. La scène est assez pathétique désinvolte, il semble découvrir le texte. Mon attention est détournée par un enfant comédien» précédemment déguisé en superman qui quitte le plateau par les coulisses. C’est la fille de Vincent Baudriller, directeur du Festival d’Avignon. Ainsi, la farce tourne vite à la mise en scène d’un milieu qui jouit du désordre généré par la crise ici symbolisé par l’éclatement de la représentation où la performance et les arts plastiques prennent le pouvoir sur la dramaturgie. Aucun système de pensée n’émerge de ce théâtre, tout au plus une amusante dynamique d’un jeu de rôles» où le spectateur non averti ignore des enjeux par quel processus cet enfant est-il arrivé sur scène? Que se joue-t-il entre Vincent Macaigne, Nicolas Stemann et la Direction sachant que le lendemain, on me dit que Stanislas Nordey, artiste associé en 2013 du Festival, endossera le rôle?. Il y a dans ces contrats» bien d’autres transactions» et d’autres comédies économiques» où le public n’est finalement qu’une variable d’ajustement ses déplacements sont même orchestrés à des fins de mise en scène fuite au-dehors ou vers le bar; qu’importe !. Au Théâtre des Idées, événement programmé au sein du Festival, Clémence Hérout rapporte dans son blog l’intervention d’Alain Badiou Le théâtre représenterait ainsi la tension entre transcendance et immanence de l’idée». Ce soir, nous en sommes très loin. Infiniment loin. Comme si la crise de 2008 avait réussi à faire plonger certains artistes joliment subventionnés dans la mise en scène du cynisme avec une esthétique irréprochable pour amuser le bourgeois à défaut d’inviter le peuple à réfléchir sur son avenir. Pascal Bély, Le Tadorne. Les contrats du commerçant, une comédie économique» de Nicolas Stemann au Festival d’Avignon du 21 au 26 juillet 2012. Étiquettes Alain Badiou, Nicolas Stemann, Vincent Baudriller, Vincent Macaigne Ce fut le succès du dernier Festival d’Avignon. Une oeuvre rare. Le Théâtre National de Chaillot à Paris l’accueille du 2 au 11 novembre 2011 avant une tournée jusqu’en février 2012 Grenoble, Mulhouse, Douai, Orléans, Nantes, Luxembourg, Valenciennes. Retour d’Avignon… Cela devait arriver. Non que cela fut prévisible, mais attendu. Depuis quelques jours, il se trame un drame derrière les murs du Cloître des Carmes au Festival d’Avignon. Après Au moins j’aurai laissé un beau cadavre» de Vincent Macaigne d’après Hamlet» de William Shakespeare, de nombreux spectateurs semblent sonnés par cette proposition qui dépasse l’entendement. Je n’ai pas pleuré. Je me suis même amusé avec le chauffeur de salle. Fini l’attente. Le théâtre est ouvert dès notre installation. Sur le gazon bien amoché et boueux de la scène, un homme harangue la foule avec une chanson débile. Il invite le public à monter sur le plateau. Les jeunes ne se font pas prier. Et ça dure…La caste journaliste vieillissante se demande avec inquiétude comment cela va finir. Cet espace intermédiaire entre théâtre et réalité en dit long sur les intentions de Macaigne il faut nous mettre en condition, en assemblée. Quitte à se foutre de notre gueule. Je n’ai pas pleuré. J’ai juste tremblé pour Hamlet. Depuis le temps, je m’habitue à sa folie. Mais ce soir, c’est tout un système qui devient fou. Le corps du père gît encore dans une fosse ouverte d’eau boueuse tandis que le mariage de Claudius avec la mère d’Hamlet tourne à la farce populaire d’une émission pour temps de cerveau indisponible. Nous rions à notre décadence. La boue est notre merdier. Les personnages se dépatouillent pour exister dans ce décor de terre piétinée, d’arrière-cour de salle d’attente d’entreprise de communication, de logement précaire en tôle et verre probablement dessiné par le metteur en scène institutionnalisé et friqué Fréderic Fisbach, présent au Festival avec Juliette Binoche, actrice squelettique. Comment comprendre la tragédie d’Hamlet si l’on ne pose pas le contexte dans lequel elle interagit? Vincent Macaigne ne s’attarde pas beaucoup sur le spectre, réduit à un furet empaillé. Inutile de s’accrocher à l’au-delà. Ici bas, suffit. Les mythes commencent sérieusement à nous emmerder. Hamlet n’est pas fou, il souffre. Mais comment un tel système politique peut-il entendre la souffrance? Il est décalé. Inaudible. Totalement inaudible. À devenir dingue. D’ailleurs, ils gueulent tous pour se faire comprendre. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Car je n’ai pas tardé à faire un lien cette scène est notre Europe, notre boueux pays de France où un saltimbanque au pouvoir transforme l’art en bouillon de culture… Cette scène est dégueulasse. Ils puent tous la mort. Cela gicle de partout. Comme un corps institutionnel agonisant, épuisé par la traîtrise aux idéaux, mais encore vivant, car le cynisme leur donne l’énergie vitale d’organiser le chaos pour le maîtriser à leur profit. Hamlet n’est pas fou il lutte pour sa chair….Mais le système va l’emporter. Ne reste que le théâtre. Entracte. Hamlet reprend la main. Installe un théâtre où il met en scène son enfance. Aux origines. Qu’a vu Hamlet qu’il n’aurait pas dû voir? Mais cette mise en abyme ne résiste pas. Le théâtre se fond dans le système politique jusqu’en épouser les jeux comment ne pas penser à la nomination controversée d’Olivier Py à la tête du Festival d’Avignon en 2014 ?. Je n’ai toujours pas pleuré. Je me suis immobilisé. Face à tant de beauté apocalyptique. La folie du Royaume et sa déchéance emportent le décor du Cloître des Carmes balayé par un château fort gonflable prêt à nous sauter à la gueule. Notre Europe forteresse est une bâche rustinée maculée du sang des corps des migrants. Car le théâtre de Macaigne, c’est de la chair à canon contre le pouvoir, offerte par des acteurs jusqu’au-boutistes qui donnent l’impression qu’ils pourraient mourir sur scène. Macaigne ne disserte plus. Il convoque un théâtre d’images, quasiment chorégraphique pour repenser l’Europe, il faut organiser nous-mêmes le chaos, et arrêter de s’accrocher à des mythes empaillés. À partir de ses décombres, nous reconstruirons, torche à la main. Vincent Macaigne pose un acte celui de MONTRER, alors que nous sommes saturés d’analyses et de paroles. Il n’a probablement rien de plus à dire que ce qui a déjà été dit. Or, à l’heure où le chaos s’installe, qui sait aujourd’hui montrer en dehors des visions molles… Et si resentir l’image théâtrale était une forme de pensée? Je me lève pour applaudir. Où est Vincent Macaigne ? Peut-être dégueule-t-il. Pascal Bély, Le Tadorne. Le regard de Francis Braun. Il faut, c’est un ordre, être témoin de ce Miracle. Il faut participer à ces heures de liberté jouissive, vivre cette aventure shakespearienne indéfinissable avec la troupe de Vincent Macaigne dans Au moins j’aurai laissé un beau cadavre» d’après Hamlet» de William Shakespeare. Il faut voir Le Cloître des Carmes, lieu du Sang versé, devenir le lieu de tous les possibles, de tous les délires. Il faut le voir vivre d’une façon différente il a été investi totalement pour cette occasion par un cabinet de curiosités baroque et intrigant sur un sol un gazon vert fané avec eau croupissante. Nous sommes conviés par un chauffeur de salle pour une cérémonie joyeuse et terrible. On hésite entre un happening hippy baba et un spectacle de fin d’année ; on se demande à quelle sauce on sera trempés…les gens descendent, des gradins sur la scène, commencent à danser…on attend et ce sera tout à la fois. Ce soir, Hamlet revisité va devenir L’?uvre Théâtrale universelle d’un mec imprévisible et sans contrainte. Ce sera le fait d’un artiste qui explose à la fois de sa folie et de son délire. On le sait intelligent, désarmant, on ne sait pas si cela va durer dix minutes, une heure, ou toute la nuit…ou s’il va s’en aller. Au bout de quelques minutes, c’est certain nous allons oublier le temps pendant quatre heures, nous allons être assis, rivés à nos fauteuils, bloqués hilares, sidérés et ébahis. L’esprit de Vincent Macaigne, qui s’agite avec les machinistes en haut des gradins, comme un chef d’orchestre, est totalement débridé et contrairement au slogan néon posé en enseigne sur le mur d’en face …il y aura pas de miracles ce soir »…Mais, de CE MIRACLE, on pourra se souvenir… C’est Hamlet, lui, sa famille, son trône, son palais qui nous sont racontés, mais c’est aussi la Tragédie de ce Prince du Danemark revisitée sur un gazon piétiné, semé d’embûches irréparables. C’est une vie de crime intemporelle relatée sur un champ dévasté. C’est hier et aujourd’hui sang mêlé, c’est une Ophélie en pleine inquiétude, c’est une mère qui n’en peut plus de posséder ; c’est bien sur Hamlet, jeune enfant qui se souvient. C’est son histoire fondue enchaînée à notre actualité qui s’exprime sous nos yeux et devenons alors les otages-bienveillants-volontaires dans un cloître ouvert à toutes les Folies. Folies de la mise en scène tour à tour explosive, sereine, calme ou désespérée. Folies des lumières, soudainement crépusculaires, parfois hivernales, soudainement glaciales…Le cauchemar ou le rêve partent en fumée…des réelles fumées nous enveloppent ponctuellement. Les comédiens nous surprennent tout le temps, ils nous font rire et nous coupent la respiration. Nous sommes à chaque seconde secouée de sentiments différents. Nous sommes déstabilisés, dérangés, enthousiastes, parfois inquiets. Plus les minutes passent, plus les corps-spectateurs se figent silencieusement dans le respect et l’effroi. Des litres de sang se déversent sur un corps qui meurt. C’est l’Instant terrifiant incarné par des comédiens incroyables. Nous sommes happés, nous ne savons plus distinguer l’histoire et le présent. C’est à la fois le spectre de Pippo Delbono qui hurle sans qu’on le comprenne, c’est Angelica Liddell qui joue de son corps, de ses seins, de son sexe, c’est aussi le Sang de Jan Fabre, mais c’est surtout le monde du corps de Vincent Macaigne. Il y avait avant Pina et après Pina…il y avait avec Angelica Liddell, maintenant l’histoire shakespearienne ne pourra vivre sans le cadavre laissé par Vincent Macaigne. dans les murs du Cloître des Carmes…. C’est lui L’ENFANT du festival, car il naît ce soir à nos yeux. Offrons-lui le TRONE qu’il mérite, qu’on le couvre d’HONNEURS, qu’on le salue, et que l’on reconnaisse en lui CELUI par qui un autre THEATRE arrive…. Proclamons-le …Notre Nouveau Prince de Hambourg, crions haut et fort…Vive LE PRINCE et vive sa folie. Ce fut, je dois dire, exceptionnel. Monsieur Vincent Macaigne, Nouveau Prince en Avignon… Francis Braun, Le Tadorne. Au moins j’aurai laissé un beau cadavre» de Vincent Macaigne. Tournée ici. Étiquettes Vincent Macaigne Il faut, c’est un ordre, être témoin de ce Miracle. Il faut participer à ces heures de liberté jouissive, vivre cette aventure shakespearienne indéfinissable avec la troupe de Vincent Macaigne dans Au moins j’aurai laissé un beau cadavre» d’après Hamlet» de William Shakespeare. Il faut voir Le Cloître des Carmes, lieu du Sang versé, devenir le lieu de tous les possibles, de tous les délires. Il faut le voir vivre d’une façon différente il a été investi totalement pour cette occasion par un cabinet de curiosités baroque et intrigant sur un sol un gazon vert fané avec eau croupissante. Nous sommes conviés par un chauffeur de salle pour une cérémonie joyeuse et terrible. On hésite entre un happening hippy baba et un spectacle de fin d’année ; on se demande à quelle sauce on sera trempés…les gens descendent, des gradins sur la scène, commencent à danser…on attend et ce sera tout à la fois. Ce soir, Hamlet revisité va devenir L’oeuvre Théâtrale universelle d’un mec imprévisible et sans contrainte. Ce sera le fait d’un artiste qui explose à la fois de sa folie et de son délire. On le sait intelligent, désarmant, on ne sait pas si cela va durer dix minutes, une heure, ou toute la nuit…ou s’il va s’en aller. Au bout de quelques minutes, c’est certain nous allons oublier le temps pendant quatre heures, nous allons être assis, rivés à nos fauteuils, bloqués hilares, sidérés et ébahis. L’esprit de Vincent Macaigne, qui s’agite avec les machinistes en haut des gradins, comme un chef d’orchestre, est totalement débridé et contrairement au slogan néon posé en enseigne sur le mur d’en face “il y aura pas de miracles ce soir»…Mais, de CE MIRACLE, on pourra se souvenir… C’est Hamlet, lui, sa famille, son trône, son palais qui nous sont racontés, mais c’est aussi la Tragédie de ce Prince du Danemark revisitée sur un gazon piétiné, semé d’embûches irréparables. C’est une vie de crime intemporelle relatée sur un champ dévasté. C’est hier et aujourd’hui sang mêlé, c’est une Ophélie en pleine inquiétude, c’est une mère qui n’en peut plus de posséder ; c’est bien sur Hamlet, jeune enfant qui se souvient. C’est son histoire fondue enchaînée à notre actualité qui s’exprime sous nos yeux et devenons alors les otages-bienveillants-volontaires dans un cloître ouvert à toutes les Folies. Folies de la mise en scène tour à tour explosive, sereine, calme ou désespérée. Folies des lumières, soudainement crépusculaires, parfois hivernales, soudainement glaciales…Le cauchemar ou le rêve partent en fumée…des réelles fumées nous enveloppent ponctuellement. Les comédiens nous surprennent tout le temps, ils nous font rire et nous coupent la respiration. Nous sommes à chaque seconde secouée de sentiments différents. Nous sommes déstabilisés, dérangés, enthousiastes, parfois inquiets. Plus les minutes passent, plus les corps-spectateurs se figent silencieusement dans le respect et l’effroi. Des litres de sang se déversent sur un corps qui meurt. C’est l’Instant terrifiant incarné par des comédiens incroyables. Nous sommes happés, nous ne savons plus distinguer l’histoire et le présent. C’est à la fois le spectre de Pippo Delbono qui hurle sans qu’on le comprenne, c’est Angelica Liddell qui joue de son corps, de ses seins, de son sexe, c’est aussi le Sang de Jan Fabre, mais c’est surtout le monde du corps de Vincent Macaigne. Il y avait avant Pina et après Pina…il y avait avec Angelica Liddell, maintenant l’histoire shakespearienne ne pourra vivre sans le cadavre laissé par Vincent Macaigne. dans les murs du Cloître des Carmes…. C’est lui L’ENFANT du festival, car il naît ce soir à nos yeux. Offrons-lui le TRONE qu’il mérite, qu’on le couvre d’HONNEURS, qu’on le salue, et que l’on reconnaisse en lui CELUI par qui un autre THEATRE arrive…. Proclamons-le “Notre Nouveau Prince de Hambourg”, crions haut et fort “Vive LE PRINCE et vive sa folie”. Ce fut, je dois dire, exceptionnel. Monsieur Vincent Macaigne, Nouveau Prince en Avignon… Francis Braun, Le Tadorne. A lire le regard de Pascal Bély. Au moins j’aurai laissé un beau cadavre» de Vincent Macaigne au Festival d’Avignon du 9 au 19 juillet 2011. Étiquettes Vincent Macaigne
Avecmes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m’ont fait aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine. CRÉON. Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes fenêtres, c’est assez
Le sable gifle le visage et enveloppe le campement dans un voile beige qui laisse à peine deviner quelques silhouettes avançant dans un cliquetis de métal. Certaines s’appuient sur une lance, d’autres sur une mitraillette. Toutes s’appliquent à laisser passer une file de chars vrombissants, surmontés d’arbalètes, de squelettes ou de poupées désarticulées. Sur un pan de tôle, quelques lettres dégoulinantes inscrites avec du faux sang demandent aux passants Qui a tué le monde ? ». En plein désert aride de Mojave, en Californie, plus de 4 300 personnes se sont retrouvées fin septembre pour vivre pendant cinq jours dans un décor post-apocalyptique. Les participants ont construit de bric et de broc Wasteland City, une cité éphémère avec ses rues, ses saloons, son journal, sa fréquence radio. On ne peut y entrer que si l’on porte un costume en accord avec le thème un futur où notre civilisation entière s’est effondrée, et où les ressources sont devenues rares. Une garde d’élite » surveille les portes couleur rouille, soucieuse de s’assurer qu’un jean trop propre ou un gadget dernier cri ne viendront pas briser l’illusion de ce happening géant. Jouer aux survivants Depuis que le Wasteland Weekend est né, en 2010, d’un simple rassemblement de fans de Mad Max, l’événement n’a fait que s’agrandir. Il continue d’afficher complet, attirant des festivaliers venus des quatre coins des États-Unis et même de l’étranger. Ces derniers parcourent des centaines – voire des milliers – de kilomètres pour venir enfiler leurs costumes et jouer le rôle de survivants de l’Apocalypse certains par amusement, d’autres par inquiétude, quelques-uns par fascination. Certains répondent aux invitations des DJ perchés sur des épaves de bateau rongées par la rouille La journée, les festivaliers se réunissent sous les tentures pour deviser sur la fin du monde, écouter des raconteurs d’histoire, se confectionner de nouveaux accessoires. C’est quand la nuit tombe que le campement se met à fourmiller certains répondent aux invitations des DJ perchés sur des épaves de bateau rongées par la rouille, d’autres encouragent les équipes qui s’affrontent au jugger », un sport de contact qui se joue avec un crâne de chien en guise de ballon. Au casino de la dernière chance », on parie des capsules de bière comme si les lendemains n’existaient pas. Quand s’allument enfin les néons du dôme du tonnerre », une horde de Wastelanders s’approche pour grimper à même la structure en métal, réplique grandeur nature du lieu où se déroulent les combats à mort dans Mad Max 3. La foule réclame du sang et, sous elle, des binômes s’affrontent sous les hurlements… d’inoffensives battes en mousse à la main. À Wasteland, tout le monde a l’air cruel et complètement fou mais ce n’est qu’un jeu, commente Jared Butler, co-organisateur de l’événement. On laisse justement derrière nous tout ce qui divise l’argent, la politique, la religion. » Pour ce scénariste d’Hollywood, l’esthétique post-apocalyptique rencontre un tel engouement parce que les temps sont durs » et qu’elle porte en elle quelque chose de profondément optimiste » C’est l’idée qu’il y a un après, résume-t-il. Même si le pire advient, il restera de la vie, il y aura d’autres communautés possibles. » Bien sûr que l’Apocalypse ça va être moche. Mais si elle nous tombe dessus, au moins, il y aura un vrai redémarrage » Beaucoup sont attirés par Wasteland parce que ce terrain vague représente un monde où tout est à réinventer. Lektor, un retraité de Las Vegas, vient chaque année pour faire du troc de vieux objets et s’extraire d’une culture où l’argent coule à flot et où tout doit toujours avoir l’air neuf pour avoir de la valeur. » L’imaginaire de l’effondrement le pousse, affirme-t-il, à être inventif », ingénieux », moins futile ». Pour Becky, une infirmière urgentiste du Dakota du Sud, la perspective de l’Apocalypse est à la frontière de l’ angoisse » et de la fascination » Bien sûr que l’Apocalypse ça va être moche, concède-t-elle. Mais si elle nous tombe dessus, il faut se dire qu’au moins, il y aura un vrai redémarrage quand on n’a plus rien, on est tous égaux ! » Défilé de bikinis post-apocalyptique Truth vient tout juste d’être baptisée de son nom Wasteland ». Étudiante à San Diego, elle en est à son premier festival mais compte bien revenir tous les ans – jusqu’à la vraie Apocalypse », précise-t-elle en riant. Au sein de la tribu » avec qui elle partage un campement, elle a trouvé la possibilité d’une esthétique nouvelle » Dans le monde post-apocalyptique, les canons de beauté ne sont pas les mêmes, explique-t-elle. La femme n’a pas besoin d’être délicate et fragile pour être belle. Elle doit être forte, comme moi. » Ça me remplit de force et de confiance avant de retourner dans le monde réel » Lors du défilé de bikinis post-apocalyptique, l’une des activités les plus populaires du festival, la foule acclame sans discontinuer la prestation de tous les participants les jeunes, les vieux, les gros, les maigres, les hommes, les femmes et les transgenres. Leurs parties intimes sont drapées ou non dans du ruban adhésif, des cannettes de bière, des lambeaux d’emballages. Ici, je peux être moi, poursuit Truth. Ca me remplit de force et de confiance avant de retourner dans le monde réel. » En pliant bagage le dernier jour, les festivaliers s’interrompent pour troquer des capsules à l’effigie de leur tribu, petits souvenirs à ramener dans l’autre monde. Mark Cordory, un costumier britannique et habitué du festival, réfléchit déjà à les utiliser comme ornement sur un blason Si l’Apocalypse arrive, je voudrais au moins que mon cadavre soit bien habillé. » À Wasteland, l’humour est certainement la chose la mieux partagée. SUR LE MÊME SUJET > East Jesus, mirage hippie du désert californien > AfrikaBurn la révolution en dansant > Le roman post-apocalyptique parfait guide pour survivre à la fin du monde ? > Aujourd’hui, presque toutes les formes d’anticipation passent par l’effondrement » Photos © Laure Andrillon
DansAu moins j’aurai laissé un beau cadavre, d’après Hamlet de Shakespeare, le jeune metteur en scène va jusqu’au bout dans l’excès et dans l’épuisement des énergies. On ressort de là en en ayant pris plein la face et avec le désir de hurler à notre tour.
UNE MICRO HISTOIRE ÉCONOMIQUE DU MONDE, DANSÉE
Lun de ces prisonniers était un certain lieutenant-colonel John K. Waters, rien de moins que le propre gendre du général Patton. Patton et son armée se trouvaient à une centaine de kilomètres du camp de prisonniers, de sorte que la pensée des nazis massacrant les prisonniers de guerre américains et, en particulier son propre gendre, a dû hanter le général.
n° 132 juin 2011 © CHRiStOPHE RAyNAuD DE LAgE/fEStiVAL D’AVigNON b Quels corps de métier du théâtre les élèves ont-ils pu voir sur le plateau ? Toutes les personnes qui participent à l’élaboration du spectacle sont mises en jeu, à un moment ou à un autre – les comédiens, évidemment ; – les techniciens, qui font les changements de décor à vue, revêtus du même costume de banane que celui de Claudius ; – le metteur en scène, Vincent Macaigne, qui apparaît au plateau à l’entracte, pour le nettoyer et le déblayer ; – la régie, qui, plusieurs fois, est prise à partie par les comédiens ; un technicien lumière intervient même, lors de la pièce d’Hamlet, pour demander aux comédiens de jouer ; – enfin, lors des représentations à Avignon, le régisseur lui-même, qui monte sur le plateau pour demander aux spectateurs de regagner leur fauteuil. On rappellera aux élèves que le théâtre a toujours été pour Vincent Macaigne une aventure collective. b Faire réfléchir les élèves à leur rôle en tant que spectateurs. Ont-ils été amenés à faire des choses que le public de théâtre ne fait pas ordinairement ? Ont-ils eu le sentiment de participer à la représentation, et à quels moments ? Le théâtre de Vincent Macaigne amène aussi le spectateur à sortir de sa place et de son habituelle passivité. D’abord, parce qu’il est traité sans ménagement les premiers rangs se voient distribuer au début du spectacle des protections auditives et une bâche plastique pour se protéger des éclaboussures de boue ou de peinture ; les femmes du public sont traitées de vieilles connes » et les quelques spectateurs qui pensent pouvoir filer discrètement avant la fin du spectacle sont en général alpagués par les comédiens. Ensuite, parce que le public est aussi associé au jeu – avant le spectacle, un chauffeur de salle l’encourage à monter sur le plateau, puis à danser et chanter avec lui ; 16 16n° 132 juin 2011 14. On peut voir la vidéo ici xjvcpb_des-spectateurs-se-jettent-dans-lafosse-de-au-moins-j-aurais-laisse-un-beaucadavre_fun – pendant le spectacle, il est pris à partie par les comédiens qui lui demandent de jurer ou d’applaudir ; – des jeux avec des spectateurs sont mis en place le comédien Roger Roger offre un fruit et son numéro de portable à une jolie femme dans le public ; Gertrude offre sa culotte à l’issue de son strip-tease ; – des comédiens s’assoient au milieu du public pendant la représentation de la pièce d’Hamlet, ou courent à travers les rangées de spectateurs. Dans le spectacle, le public joue un rôle à part entière. Le fait de fouler le plateau est assez symbolique de la place qui lui est offerte. Certains spectateurs s’emparent de cet espace de liberté qui leur est laissé. On a ainsi vu, un soir, une jeune femme lancer à son tour ses sandales sur le plateau lors du monologue de Claudius, et deux jeunes gens plonger dans la fosse de l’avant-scène 14 ! Work in progress b Proposer aux élèves d’écouter la rencontre entre Vincent Macaigne et le public du Festival d’Avignon Que dit le metteur en scène sur son rapport à l’écriture ? Vincent Macaigne fait évoluer soir après soir la représentation. Lors de la conférence, il explique disposer de 7 ou 8 heures de matériau de spectacle, d’où il a extrait 3h30. Le processus d’écriture du spectacle naît du plateau et peut évoluer en fonction des représentations. b Qu’est-ce que cela nous apprend du statut du texte dans un tel spectacle ? On est dans un processus d’écriture qui évacue la littérarité. Le texte théâtral se construit au présent du plateau, il n’est pas figé, certaines phrases pouvant être modifiées par les comédiens. On rappellera aux élèves que cela explique en grande partie pourquoi Vincent Macaigne refuse l’édition de ses textes. b Les élèves ont-ils observé Vincent Macaigne en régie ? Ont-ils l’habitude de voir un metteur en scène agir ainsi ? Lors des représentations au Festival d’Avignon, Vincent Macaigne se tenait en régie, à vue, pendant tout le spectacle. Les spectateurs 17 17 b On pourra faire lire aux élèves la critique de Florence March qui regrette que la place réservée au public ne soit pas plus réelle et leur demander de réagir http// b De quelles autres pratiques culturelles, sociales ou même sportives pourrait-on rapprocher le théâtre de Vincent Macaigne ? Au moins j’aurai laissé un beau cadavre crée une convivialité, un partage que l’on trouve dans d’autres formes artistiques ou culturelles. Il emprunte certains codes à d’autres formes plus populaires comme le concert, la télévision ou même le match. Cela confère au spectacle un caractère festif. C’est le cas par exemple de l’entracte, qui est accompagné d’une chanson de variété italienne, Sara Perche Ti Amo de Ricchi E Poveri. ont pu le voir donner des consignes de jeu aux comédiens, rectifier des éléments en communiquant par de grands gestes survoltés, à l’instar d’un chef d’orchestre. Là encore, ce positionnement indique une volonté de se confronter au présent du plateau le jeu n’est pas fixé une fois pour toutes, il réagit et évolue en fonction de l’énergie de chaque soir. Le travail théâtral n’aboutit pas à un produit fini qui serait le spectacle. Au contraire, le spectacle donne à voir un processus de travail en direct. b Qu’est-ce que ce work in progress induit dans le jeu des comédiens ? Les comédiens auront certainement frappé les élèves par leur énergie et l’intensité de leur jeu. Ils s’autorisent de larges parts d’improvisation, en réagissant aux départs des spectateurs par exemple ou en développant plus ou moins longuement certaines scènes c’est le cas de la bagarre avant le début de la pièce d’Hamlet, lorsque commence la seconde partie. Les comédiens sont aussi associés à l’écriture du spectacle. La scène inaugurale du chauffeur de salle est née d’un pari entre Vincent Macaigne et le comédien Sylvain Sounier. Celui-ci devait gagner 50 euros s’il réussissait à faire monter tout le public sur scène !
Centrenational du théâtre. Le CNT est un centre d'information et de documentation sur le théâtre, un lieu de «résonances» de ses pratiques contemporaines
6UvA. 78 284 92 312 176 107 152 56 349
au moins j aurai laissé un beau cadavre