SaintAugustin nous dit que l'homme n'est ni une Ăąme Ă  part, tout se passe « en lui ». Il est, au pied de la lettre, sujet et objet Ă  la fois, Ăąme et univers. A. BĂ©guin, L'Âme romantique et le rĂȘve, 1939, p. 207. 87. Ce qui compte, je le sais bien, c'est l'Ăąme qui est au fond; ce fond que l'Ă©lan de l'amour consiste Ă  vouloir atteindre. Mais la forme n'est pas complĂštement
Dans ce sous-chapitre, nous allons argumenter en faveur de l’hypothĂšse selon laquelle les croyances sont une forme de possessions matĂ©rielle ou de commoditĂ© Abelson, 1986. Le fait de se baser sur cette hypothĂšse justifie—s’appuyant pour cela sur la thĂ©orie de la commodité—le rĂŽle que pourrait jouer le besoin d’unicitĂ© dans la formation et le maintien des croyances aux thĂ©ories du complot. Abelson 1986 consacre un chapitre thĂ©orique au dĂ©veloppement de la perspective thĂ©orique selon laquelle les croyances sont comme des possessions » titre du chapitre. Pour dĂ©fendre cette thĂšse, Abelson 1986 commence par recenser les nombreuses recherches montrant l’inefficacitĂ© des effets des arguments de raisons sur la persuasion et l’abandon des croyances, ainsi que des phĂ©nomĂšnes de persistance des croyances croyances qui peuvent subsister en dĂ©pit d’un total discrĂ©dit des Ă©lĂ©ments fondent ces croyances, voir Anderson, Lepper, & Ross, 1980 ; Ross, Lepper, & Hubbard, 1975. Effectivement, des Ă©lĂ©ments empiriques continuent de souligner que nous n’abandonnons pas facilement nos croyances, et que nous sommes prĂȘts Ă  nous rĂ©fugier dans l’irrĂ©futabilitĂ© de nos croyances afin de les prĂ©server Friesen, Campbell, & Kay, 2015. Kunda 1990 recense un grand nombre de travaux mettant en lumiĂšre le mĂ©canisme de raisonnement motivĂ© Kruglanski & Ajzen, 1983 ; Kunda & Sanitioso, 1989. Ce mĂ©canisme dĂ©signe une stratĂ©gie active de recherche a posteriori de raisons et de justifications—qui semblent raisonnables, mais qui ne le sont qu’en apparence—afin d’arriver aux conclusions formation et maintien de croyances et convictions souhaitĂ©es. Au-delĂ  du fait de ne pas abandonner facilement ses croyances, les mĂ©taphores de notre langage et les expressions que nous employons quotidiennement mettent en lumiĂšre la relation que nous avons avec nos croyances. Tels des objets, nous les adoptons », conservons », abandonnons », possĂ©dons », etc. voir Abelson, 1986, p. 230 pour une 56 liste plus exhaustive d’expressions de ce type en langue anglaise. Ce vocabulaire spĂ©cifique n’est pas un hasard si l’on en croit la thĂ©orie des mĂ©taphores conceptuelles Lakoff, 1993. Cette thĂ©orie suggĂšre que—contrairement aux affirmations des thĂ©ories classiques du langage—les mĂ©taphores de notre langage sont le rĂ©sultat de la connexion Ă©troite et indissociable des idĂ©es et des concepts avec le corps Lakoff, 1993. Elles jouent par ailleurs un rĂŽle fondamental dans notre vie de tous les jours en structurant et orientant notre maniĂšre de penser Lakoff, 1993. Ainsi, la maniĂšre dont nous parlons de nos croyances au travers de notre langage trahit nos conceptions, ainsi que la relation que nous entretenons avec nos croyances. Enfin, Abelson 1986 explique que si les croyances sont comme des possessions, alors, ces croyances doivent aussi varier en terme de valeur et avoir une certaine fonction. La fonctionnalitĂ© d’une croyance trouve une place au sein de l’approche fonctionnelle des attitudes Katz, 1960. Cette approche s’applique aussi aux croyances du fait que ces derniĂšres constituent une composante cognitive des attitudes selon le modĂšle tripartite classique des attitudes Breckler, 1984 ; Katz, 1960 ; Olson & Zanna, 1993. Katz 1960 recense quatre fonctions rattachĂ©es aux attitudes et aux croyances dans notre cas que sont la fonction instrumentale ou dite utilitaire, la fonction de protection de l’ego d’inspiration psychanalytique, la fonction expressive de valeur de ses valeurs centrales, de sa vision de soi-mĂȘme, permettant Ă©galement de rehausser son image de soi, et la fonction de connaissance chercher du sens. Selon Abelson 1986, diffĂ©rents attributs peuvent ĂȘtre rattachĂ©s aux croyances et plus particuliĂšrement l’attribut relatif Ă  la valeur d’unicitĂ© d’une croyance, ou autrement dit, si une de ses croyances implique d’avoir des goĂ»ts non habituels ou distinctifs. Il est Ă©galement possible de rehausser l’image de soi en considĂ©rant que sa croyance est trĂšs ingĂ©nieuse Abelson & Prentice, 1989. 57 Le parallĂšle entre les croyances et les possessions prend d’autant plus de sens lorsque l’on connecte la perspective d’Abelson avec des travaux menĂ©s en sociologie par Bronner 2008, 2011, 2013. Plus prĂ©cisĂ©ment, Bronner propose la mĂ©taphore du marchĂ© cognitif pour expliquer la diffusion d’un certain nombre de croyances. Bronner dĂ©finit le marchĂ© cognitif comme “une image qui permet de reprĂ©senter l’espace fictif dans lequel se diffusent les produits qui importent notre vision du monde hypothĂšses, croyances, informations, etc.” p. 23, Bronner, 2013. De ce fait, tout comme un produit qui circule sur un marchĂ©, des Ă©changes peuvent se faire sur un marchĂ© soumis aux forces de l’offre et la demande Bronner, 2011, 2013. Ainsi, une croyance peut avoir un certain coĂ»t, ce dernier variant suivant le contexte temps et lieu. Pour donner un exemple, une croyance peut ĂȘtre qualifiĂ©e de coĂ»teuse si celle-ci rentre en contradiction avec l’ensemble des croyances et idĂ©ologies dominantes. Celle-ci expose la ou les personnes qui partagent cette croyance Ă  des risques d’exclusion sociale. Cette idĂ©e de coĂ»t » de la croyance n’est cependant pas nouvelle et a dĂ©jĂ  fait l’objet de discussion dans un chapitre d’Abelson et Prentice 1989. Pour poursuivre avec cette mĂ©taphore du marchĂ© des croyances, il est par ailleurs possible d’acheter une croyance ĂȘtre convaincu par les idĂ©es que nous rapporte une personne ainsi que la vendre prosĂ©lytisme ; Abelson, 1986. Cependant, contrairement Ă  ce qui se passe sur un marchĂ© classique, la croyance ne se perd pas lorsqu’elle transite d’une personne A Ă  une personne B Abelson & Prentice, 1989 et n’existe que dans l’esprit des individus Bronner, 2011. Cette mĂ©taphore peut ĂȘtre raccrochĂ©e avec le fait que les gens n’abandonnent pas facilement leurs croyances, et s’ils le font, la condition nĂ©cessaire est de se voir proposer quelque chose en Ă©change, par exemple une vision du monde alternative Lewandowsky, Ecker, Seifert, Schwarz, & Cook, 2012. Pour rĂ©capituler, au vu de tous ces Ă©lĂ©ments, il semble raisonnable de considĂ©rer que les croyances peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des commoditĂ©s qui remplissent certaines 58 fonctions psychologiques et Ă  partir desquelles les individus peuvent tirer un certain nombre de bĂ©nĂ©fices, dont des bĂ©nĂ©fices liĂ©s au caractĂšre distinctif des personnes qui portent lesdites Dans le chapitre suivant, nous expliquerons pourquoi nous soutenons que les caractĂ©ristiques propres aux croyances aux thĂ©ories du complot constituent un exemple parfaitement adaptĂ© qui nous permettra de tester le rĂŽle sous-jacent du besoin d’unicitĂ© et plus gĂ©nĂ©ralement de la motivation de distinction dans l’adoption de ces croyances. Ily a 4 solutions qui rĂ©pondent Ă  la dĂ©finition de mots flĂ©chĂ©s/croisĂ©s CROYANCE QUE TOUT OBJET A UNE AME. Quelles-sont les meilleures solution Ă  la dĂ©finition Croyance que tout objet L’étude des croyances aux thĂ©ories du complot est relativement rĂ©cente, puisque l’on estime que l’essentiel des connaissances en psychologie Ă  ce sujet a Ă©tĂ© produit ces 15 derniĂšres annĂ©es Wood & Douglas, 2015. La rĂ©cence de l’investigation des dĂ©terminants des croyances aux thĂ©ories du complot explique la relative mĂ©connaissance que nous pouvons avoir de ce sujet. A cette mĂ©connaissance s’ajoute la complexitĂ© reconnue de cet objet d’étude Zonis & Joseph, 1994. La thĂšse que nous dĂ©fendons dans ce travail se propose de porter un nouvel Ă©clairage sur les croyances aux thĂ©ories du complot afin d’avancer dans la comprĂ©hension de ces croyances. Tandis qu’un certain nombre d’études ont cherchĂ© Ă  mettre en Ă©vidence des facteurs cognitifs pouvant ĂȘtre Ă  l’origine de l’adhĂ©sion aux thĂ©ories du complot Brotherton & French, 2014, 2015 ; Leman & Cinnirella, 2007 ; McHoskey, 1995 ; Swami et al., 2014, nous nous sommes plus particuliĂšrement concentrĂ©s sur un terrain un peu moins explorĂ©. Il s’agit, en l’occurrence, d’étudier le rĂŽle des motivations du soi dans l’adoption des croyances aux thĂ©ories du complot. Plus prĂ©cisĂ©ment, nous dĂ©fendons la thĂšse que le besoin de se sentir unique peut se manifester par une plus forte adhĂ©sion aux thĂ©ories du complot. En effet, les thĂ©ories du complot peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des croyances se positionnant Ă  contre-courant des positions majoritaires et reposant sur des informations qui se veulent secrĂštes Mason, 2002. Ce faisant, elles sont plus susceptibles d’exercer un pouvoir de sĂ©duction sur les individus ayant un fort besoin d’unicitĂ©. Au niveau des rĂ©sultats obtenus, nous pouvons tout d’abord remarquer que conformĂ©ment Ă  nos attentes, les thĂ©ories du complot semblent effectivement ĂȘtre reliĂ©es Ă  ce 178 qui est non-accessible. Nous affirmons cela en nous basant sur le fait que les conspirationnistes pensent avoir eu accĂšs Ă  des informations rares, difficiles Ă  trouver, voire secrĂštes Etude 9. Dans cette mĂȘme Ă©tude, nous avons observĂ© que les personnes quel que soit leur niveau de croyances aux thĂ©ories du complot considĂšrent les informations qu’ils ont pu acquĂ©rir comme l’une des sources importantes de leurs croyances. Par ailleurs, Ă  partir d’un certain seuil de croyances aux thĂ©ories du complot, les hauts conspirationnistes affirment que les informations qu’ils auraient acquises Ă  propos de ces complots ont un poids plus important dans les dĂ©terminants de leurs croyances. Ces thĂ©ories du complot ne permettent pas seulement aux personnes de se diffĂ©rencier par l’intermĂ©diaire de l’origine de ces croyances informations qui seraient peu connues des autres, mais Ă©galement par l’intensitĂ© de l’adhĂ©sion qu’elles suscitent. En effet, les personnes les plus susceptibles de croire aux thĂ©ories du complot pensent y croire plus que les autres Etudes 4, 5 et 6. Nous pouvons alors considĂ©rer que cette conscience de l’écart entre leur propre niveau de croyances aux thĂ©ories du complot et celui attribuĂ© Ă  d’autrui permettrait aux hauts conspirationnistes d’alimenter leur besoin de se sentir unique faire partir des rares qui ont vraiment compris. Nous avons fait l’hypothĂšse que les hauts conspirationnistes pourraient dĂ©river de ces croyances un certain nombre de traits valorisants. C’est ce que nous avons effectivement dĂ©montrĂ© par l’intermĂ©diaire de la tendance des hauts conspirationnistes Ă  percevoir les personnes qui partagent leurs croyances comme dotĂ©es de perspicacitĂ© Etude 9. De plus, tandis que la plupart des gens pensent avoir une meilleure capacitĂ© d’intuition et de raisonnement que la moyenne conformĂ©ment Ă  ce que nous pouvions attendre connaissant l’effet meilleur que la moyenne, Ross et al., 1977, Ă  partir d’un certain seuil uniquement, les thĂ©oriciens du complot creusent davantage la distance qui sĂ©pare leur auto-Ă©valuation de leur capacitĂ© d’intuition et de raisonnement de celle qu’ils attribuent Ă  la moyenne des gens Etude 9. Enfin, nous remarquerons Ă©galement que les hauts 179 conspirationnistes pensent mieux saisir que les autres les subtilitĂ©s des informations liĂ©es aux complots Etude 6. AprĂšs avoir vu en quoi les croyances aux thĂ©ories du complot pouvaient ĂȘtre un support de diffĂ©renciation, et devenir de ce fait attractives pour les personnes qui cherchent Ă  se distinguer, nous avons observĂ© que plus les personnes expriment le besoin de se sentir uniques, plus elles croient aux thĂ©ories du complot, association observĂ©e Ă  plusieurs reprises Etudes 7, 8 et 10. Cette liaison entre le besoin d’unicitĂ© et les croyances aux thĂ©ories du complot n’avait jamais Ă©tĂ© observĂ©e dans la littĂ©rature. Pour terminer, afin de pouvoir avancer des arguments sur la relation causale entre besoin d’unicitĂ© et croyances aux thĂ©ories du complot, nous avons cherchĂ© Ă  Ă©tudier l’effet de la manipulation du besoin d’unicitĂ© sur les croyances aux thĂ©ories du complot Etudes 10, 11 et 12. Les rĂ©sultats obtenus sont importants pour notre thĂšse, car nous avons vu que le fait de pousser les individus Ă  chercher activement Ă  se diffĂ©rencier des autres les rend plus susceptibles de croire aux thĂ©ories du complot Etudes 11 et 12. Bien entendu, on pourra nous faire remarquer que la relation entre le besoin d’unicitĂ© et les croyances aux thĂ©ories du complot est relativement faible. Toutefois, il faut aussi rappeler que la taille d’effet observĂ©e est dĂ©pendante de la manipulation expĂ©rimentale et des mesures utilisĂ©es Prentice & Miller, 1992. Par consĂ©quent, il est difficile de savoir quelle est la force de la relation entre le besoin de se sentir unique et les croyances aux thĂ©ories du complot en dehors de ce cadre expĂ©rimental prĂ©cis. De plus, il faut garder Ă  l’esprit que l’estimation de la taille d’effets moyens issus des publications en psychologie sociale correspond Ă  un r de .21 expliquant 4% de variation des phĂ©nomĂšnes Ă©tudiĂ©s, Richard, Bond, & Stokes-Zoota, 2003. Quoi qu’il en soit, nous voulons insister sur le fait que c’est la premiĂšre fois que des travaux de recherche mettent en Ă©vidence que le fait de chercher Ă  se sentir unique se traduit par de plus fortes croyances aux thĂ©ories du complot. 180 Cette thĂšse constitue une contribution originale dans le sens oĂč elle introduit le besoin d’unicitĂ© comme facteur motivationnel intervenant dans les croyances aux thĂ©ories du complot. Les rĂ©sultats obtenus permettent Ă©galement d’offrir de nouveaux Ă©clairages sur la maniĂšre dont les croyances aux thĂ©ories du complot s’auto-alimentent. En effet, il faut se souvenir que les hauts conspirationnistes ont une dĂ©marche proactive de recherche continue de nouvelles informations sur les thĂ©ories du complot inscription Ă  la newsletter dans l’Etude 2, intĂ©rĂȘt pour les nouvelles informations Ă  propos des thĂ©ories du complot dans l’Etude 6. En outre, une autre raison qui pourrait contribuer Ă  l’auto-alimentation de ces croyances est la prise en compte que les hauts conspirationnistes pensent dĂ©tenir des informations secrĂštes Ă  propos de ces complots, tandis que l’on sait qu’une information secrĂšte est considĂ©rĂ©e comme de meilleure qualitĂ© en raison mĂȘme du fait qu’elle est secrĂšte Travers et al., 2014. Tout cela pourrait ainsi contribuer expliquer le pouvoir de persistance des croyances thĂ©ories du complot. Ces rĂ©sultats ne constituent pas uniquement une contribution dans le domaine de l’étude des croyances aux thĂ©ories du complot, mais Ă©galement Ă  la littĂ©rature sur le besoin d’unicitĂ©. En effet, certains auteurs avaient formulĂ© antĂ©rieurement l’hypothĂšse du rĂŽle des croyances en tant que source d’un sentiment de diffĂ©rentiation Fromkin & Snyder, 1980 ; Snyder & Fromkin, 1980, mais les donnĂ©es en faveur de cette hypothĂšse Ă©taient trĂšs peu nombreuses et n’ont jamais donnĂ© lieu Ă  des publications dĂ©fendant clairement cette idĂ©e de croyances comme attribut d’unicitĂ©. Les rĂ©sultats de cette thĂšse peuvent ainsi venir apporter des Ă©lĂ©ments empiriques Ă  cette perspective thĂ©orique. Siune partie de l’ñme d’Ariana a trouvĂ© refuge dans le corps de Croyance, l’obscurus Ă©tant l’ñme d’Ariana, Croyance serait devenu l’obscurus d’Ariana. Ceci expliquerait pourquoi Le Phoenix vient Ă  Croyance dans sa jeunesse puis, Ă  la fin du film Les Crimes de Grindelwald alors que, seul un Dumbledore peut ĂȘtre choisi par ce Phoenix (qui au passage pourrait ĂȘtre l Le drame et la croyance1Au sujet qui l’interrogeait Ă  propos de son habitude quotidienne de lire les avis d’obsĂšques, le pĂšre rĂ©pondit que c’était pour voir quelles Ă©taient les personnes qui n’allaient plus pouvoir boire de Coca-Cola. L’humour et la mort se sont ainsi trouvĂ© liĂ©s dans cette rĂ©ponse paternelle, la jouissance de la consommation et la vie avis d’obsĂšques reflĂ©taient un monde paternel divisĂ© entre des Ă©toiles de David et des croix. Cet ordonnancement, qui avait marquĂ© le sujet jusque dans son nom propre, avait dĂ©terminĂ©, tout au long de son existence, son rapport Ă  la vie et Ă  la mort. Porter le nom du grand-pĂšre paternel, qui mourut lorsqu’il naquit, et qui portait le nom du pĂšre du peuple juif, conjoint Ă  un autre prĂ©nom non juif, dĂ©terminait le champ de l’aliĂ©nation et de la rĂ©alitĂ© psychique. Cela avait pour consĂ©quence la nĂ©cessitĂ© de prendre au sĂ©rieux la rĂ©ponse paternelle comme une structure dramatique articulĂ©e Ă  la castration et de ne pas pouvoir en saisir la dimension de Witz. La croyance en cette classification dramatique du monde Ă  partir de la religion laissait le sujet arrimĂ© Ă  une rĂ©alitĂ© partagĂ©e en deux pĂŽles. Les difficultĂ©s qu’impliquaient les limites de cette rĂ©alitĂ© portaient le sujet Ă  vouloir refuser la croyance religieuse et avec elle tout ce qui se reliait au pĂšre. L’objection Ă  cette croyance le laissait dans la position d’un croyant qui croit en l’illimitĂ© d’un monde premiĂšre tranche d’analyse sortit le sujet de sa religion d’origine, le laissant, dans la mĂ©connaissance, aux prises avec une croyance encore plus puissante relative Ă  sa supposĂ©e nouvelle libertĂ©. LĂ  oĂč il se croyait libĂ©rĂ© des barriĂšres qui dĂ©limitaient son cadre sa vie, il se retrouvait sous le joug d’une croyance en un fĂ©roce idĂ©al de la puissance absolue. La rĂ©pĂ©tition de la rencontre symptomatique avec la marque originale incluse dans son nom propre mit par terre le nouveau monde construit sur l’illusion d’une religion sans limites et le convia Ă  effectuer une nouvelle tranche d’analyse. Il faut signaler lĂ  une premiĂšre tentative de solutionner la faille du monde religieux par la voie d’une opposition qui ne faisait que soutenir une nouvelle croyance dans l’ et la croyance4Dans une seconde analyse, la traversĂ©e du fantasme mit par terre l’illusion d’un Autre complet et donna Ă  voir le semblant de fiction dramatique qu’il comportait. Le sujet comprend alors pour la premiĂšre fois le mot d’esprit paternel et il saisit l’aspect de comĂ©die qu’avait eu le drame de sa vie. Ce passage ne s’est pas effectuĂ© sans lier prĂ©alablement le rapport entre le sujet supposĂ© savoir – le Dieu de la thĂ©orie – et l’incarnation du Dieu juif articulĂ© Ă  l’objet Miller Ă©voque le passage de la thĂ©ologie Ă  la Dieulogie » [1]. Ce passage permet de penser simultanĂ©ment le moment de l’analyse oĂč chute le sujet supposĂ© savoir et le maintien du transfert dans la certitude de la rencontre avec le rĂ©el orientĂ©e par le dĂ©sir de l’analyste. Le fait de pouvoir rire de la croyance en l’Autre laissait le sujet dans une position cynique, dĂ©branchĂ© de l’Autre ; position constituant une borne sur le chemin de l’analyse. Ici, il convient de rappeler le lien existant entre le cynisme et l’humour dans la philosophie antique. Lorsque ses activitĂ©s de falsificateur de monnaie ont valu Ă  DiogĂšne LaĂ«rce d’ĂȘtre exilĂ© et que les gens de Sinope le lui reprochĂšrent, il leur rĂ©pondit Je vous condamne Ă  rester sur votre terre. » [2] La rĂ©plique acerbe du cynique montre trĂšs bien ce qu’implique la prison de la croyance en l’existence de l’Autre. Elle montre Ă©galement combien cette croyance suppose de penser que l’enfer, c’est les autres » et qu’au-delĂ , il y aurait la libertĂ© Ă  propos de l’enfer sartrien, Lacan donne l’exemple d’une sortie possible qui n’est pas sans l’ le rapport d’un cartel de la passe [3], il est rapportĂ© trĂšs minutieusement la surprise produite par le phĂ©nomĂšne de la croyance dans plusieurs tĂ©moignages de passe. C’est une croyance dans l’inconscient que Gabriela Dargenton appela en son temps croyance rĂ©elle dans l’inconscient » [4]. Mais l’inconscient dont il s’agit n’est plus un inconscient dĂ©chaĂźnĂ© et pourvoyeur de sens. En cela, cette croyance se diffĂ©rencie de la croyance propre au dĂ©but de l’analyse oĂč le sujet croit au sens de son symptĂŽme. Si la sortie sur le mode cynique dĂ©nonce la condamnation que suppose la croyance dans l’Autre, transformant le sujet en un ex-croyant, la vĂ©ritable fin de l’analyse permet de situer comment se servir d’une croyance nous avertissait dĂ©jĂ  que nous Ă©croyons » moins au Japon [5]. L’ Ă©croyance », terme qui condense le rapport entre l’écriture et la croyance tel qu’Éric Laurent le situe [6], permet de distinguer deux modes de croyance l’occidentale et l’orientale. Poser l’ Ă©croyance » induit, pour la fin de l’analyse, un raccrochage Ă  l’Autre par la voie d’une croyance qui ne se soutient pas du semblant ou des oripeaux paternels, mais de ce qui s’écrit comme lettre dans une moment de mon premier tĂ©moignage, j’ai essayĂ© de transmettre le passage du nom juif au nom propre en situant le nom juif du cĂŽtĂ© du refoulĂ© et condensateur du sens de la castration. Tout au long de sa vie, le sujet n’a eu de cesse de l’éviter, renforçant son identification au nom non juif. Effectivement, la classification du monde, Ă©voquĂ©e au plus haut, laissait le sujet dans l’obligation de devoir choisir entre une mort juive ou une vie sans judaĂŻsme. Le prĂ©nom Abraham comportait la signification de la mort. Le sujet tentait sans relĂąche de traduire ce nom hĂ©breu en lui donnant diffĂ©rents sens, mais tous ces sens Ă©taient phalliquement liĂ©s au Être un bijou pour l’Autre » ainsi s’énonçait la construction du fantasme, ce qui supposait de croire que tout pouvait ĂȘtre traduit et expliquĂ©, jusqu’au dernier mot. Un symptĂŽme de bĂ©gaiement faisait croire Ă  son tour que l’impuissance du sujet empĂȘchait la bonne traduction. L’analyse a permis au sujet de saisir que toute traduction n’est qu’une version du pĂšre et que, fondamentalement, ce qui relĂšve du nom est intraduisible en tant qu’il vire au littĂ©ral de la lettre [7]. C’est une lettre qui s’en extrait et fait bord au trou dans le montre dans ce cas le passage d’un sujet occidentĂ© Ă  l’orientation par le rĂ©el. Lacan Ă©voque le terme d’occidentĂ© pour parler de celui qui a Ă©tĂ© touchĂ© par l’accident de l’Occident ; le trauma signifiĂ© occidentalement. C’est Ă  son retour du Japon, lorsqu’il se dirige de l’orient vers l’occident, que Lacan situe clairement l’effet de l’occidentalisation. Nishida Kataro, philosophe de l’École de Kyoto, appelle les philosophes du rien ceux qui essaient de faire le chemin inverse, de l’occident vers l’orient. Il pose que le sujet occidental est celui dont l’ĂȘtre est identifiĂ© Ă  la notion de Dieu en tant que fondement de la rĂ©alitĂ©, alors que le sujet oriental se dĂ©finit quant Ă  lui dans son appartenance au rien. Selon Tanabe Hajime, autre reprĂ©sentant de l’École de Kyoto, le rien absolu devait remplir en Orient la mĂȘme fonction que l’Être SuprĂȘme judĂ©o-chrĂ©tien en Occident. À partir de lĂ , ce qu’il propose, c’est une foi dans le rien [8]. Ces commentaires sont en concordance avec l’avis de Lacan qui, dans l’épilogue du SĂ©minaire xi, distingue un mode de croyance occidental liĂ© au ex-nihilo d’un autre mode de croyance, oriental, qui se passe de toute rĂ©fĂ©rence Ă  la crĂ©ation. En tout cas, comme le rappelle Éric Laurent, Lacan se rĂ©fĂšre au Japon pour montrer qu’il existe d’autres maniĂšres que les nĂŽtres de coordonner le savoir et la jouissance [9]. Ce sont autant de formes diffĂ©rentes d’isoler le rĂ©el. Dans mon cas, cela s’est prĂ©sentĂ© comme une croyance affirmĂ©e dans la certitude de la rencontre avec le rĂ©el et dans la nĂ©cessitĂ© de l’écriture postĂ©rieure de cette rencontre. Cela a eu comme consĂ©quence une transformation au niveau de la relation amoureuse, dans la mesure oĂč le fĂ©minin ne relĂšve plus dĂ©sormais d’une catĂ©gorie universelle mais de la contingence de la rencontre avec le sujet est sorti de l’incertitude de la croyance religieuse et a Ă©tĂ© poussĂ© Ă  assumer une position courageuse sur le chemin de l’invention. Nous voyons lĂ  que la croyance peut ĂȘtre une voie qui mĂšne vers le plus singulier du symptĂŽme et qui permet de ne pas reculer dans la clinique, face Ă  l’horreur de la libertĂ© de la folie. Dans ma pratique, cela m’a permis de me confronter Ă  une clinique orientĂ©e vers l’inclassifiable » de chacun. Ceci constitue le propre de notre Ă©poque et est syntone avec ce que produit le dispositif de la Miller signale que Lacan croyait dans le rĂ©el et que c’était cela son symptĂŽme [10]. Freud, quant Ă  lui, avec l’idĂ©al scientiste de son Ă©poque, croyait en un rĂ©el pourvu de sens, un rĂ©el qui inclut des lois. Éric Laurent Ă  son tour nous indique qu’il faut passer de la croyance au pĂšre Ă  la croyance dans le symptĂŽme. Ceci doit constituer l’ambition de la psychanalyse contemporaine. Je fais de cela un principe qui m’oriente aujourd’hui dans la pratique, notamment dans la pratique au Witz13Le pĂšre continuait Ă  lire quotidiennement les avis d’obsĂšques. Le sujet s’en approchait et lui demandait une nouvelle fois ce qu’il faisait. Le pĂšre rĂ©pondit qu’il Ă©tait en train de regarder ceux qui ne boiront plus jamais de Coca-Cola. Finalement, le sujet lui rĂ©pliqua qu’il connaissait dĂ©jĂ  cette blague. Cette fois-lĂ , le pĂšre lui rĂ©pondra C’est vrai, ou bien je change de blague ou bien je change de public. »14De la mĂȘme maniĂšre que Miller pose un noyau nĂ©vrotique au dĂ©sir de l’analyste [11], il est possible de concevoir un noyau nĂ©vrotique constitutif du bien-dire. Dans mon cas, l’humour est restĂ© nouĂ© aux trĂ©buchements en tant que symptĂŽme au niveau du dire. C’est ce qui me pousse Ă  croire au Witz comme mode d’aller au mot et de croire aux limites de la parole. Mais je crois Ă©galement qu’il y a un noyau nĂ©vrotique qui pousse Ă  se prĂ©senter Ă  la passe, et, dans certains cas, Ă  ne pas s’y le dispositif institutionnel de la passe a la structure du Witz, j’ai pris la dĂ©cision a un moment donnĂ© d’emmener le mien Ă  l’École. Si le tĂ©moignage aux passeurs est effectivement une bonne histoire, le Witz a Ă©tĂ©, Ă  la limite, la forme qu’a pris pour moi cette histoire. D’un cĂŽtĂ©, le Witz se soutient d’un bricolage, oĂč le sens montre sa valeur de fiction, et de l’autre, sa fugacitĂ© vise les limites de la parole comme transmissible, lĂ  oĂč le roman rate. En tout cas, dans le tĂ©moignage adressĂ© Ă  la communautĂ©, la question est celle de comment faire pour que cette derniĂšre histoire de la passe que nous nous racontons nous permette de continuer Ă  rĂ©inventer la psychanalyse. Sans doute qu’aujourd’hui je me retrouve embarquĂ© Ă  faire de multiples tours sur la mĂȘme chose avec un Witz diffĂ©rent Ă  chaque fois. Ce n’est rien d’autre que l’insistance Ă  continuer Ă  passer, mĂȘme si maintenant c’est dans un nouveau branchement avec la communautĂ© analytique. Notes [*] FabiĂĄn Naparstek, professeur adjoint de la chaire de Psychopathologie, universitĂ© de Buenos Aires, psychanalyste, membre l’ [1] Miller De la Naturaleza de los semblantes, Buenos Aires, Paidos, 2003, p. 40-41. [2] DiogĂšne L., Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres, tome ii, Paris, Garnier-Flammarion, 1965, p. 11. [3] Brodsky G. et al., Informe del cartel G2 », Incidencias memorables de la cura analitica, Buenos Aires, Ed. EOL. Paidos, Buenos Aires, 2002, [4] Dargenton G., Incidencias memorables, fugas de sentido y Escuela », Incidencias memorables en la cura analitica, op. cit., p. 116. [5] Lacan J., Le SĂ©minaire, livre xi, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, texte Ă©tabli par Miller, Paris, Le Seuil, coll. Champ freudien », 1973, p. 253. [6] Cf., Miller Experiencia de lo real en la Cura analitica, Buenos Aires, Paidos, 2004, p. 280. [7] Lacan J., Lituraterre », Autres Ă©crits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 14. [8] Cf. Kataro N. et Hajime T., FilĂłsofos de la nada, Barcelona, Herder, 2001, p. 122 et 211. [9] Miller op. cit., p. 283. [10] Miller Un dĂ©but dans la vie, Paris, Le promeneur, 2002, p. ix. [11] Miller L’orientation lacanienne, Le lieu et le lien », leçon du 29 novembre 2000, inĂ©dit.
Unsterblichkeitsglaubeder Griechen (1893-1894). Seul ouvrage à avoir été traduit en français, Psyché. Le culte de l'ùme chez les Grecs et leur croyance à l'immortalité, paru en 1928 puis réédité en 1952 et 1999, est désormais un classique qui fait encore autorité aujourd'hui.
idĂ©es distinction qui repose sur la vivacitĂ©, tout en rendant compte de nos infĂ©rences factuelles, ce qui requiert la constitution d’une thĂ©orie de la croyance, c’est-Ă -dire de la vivacitĂ© de l’idĂ©e ; l’articulation de ces deux plans paraĂźt en effet ne se faire que par la diffĂ©rence de l’absolu et du
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